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jean-christophe lagarde - Page 7

  • L’année du Centrisme - Edition France 2014. Le Centre en mouvement

    - Les partis centristes et les élections: succès relatifs

    Après la déculottée de 2012, les centristes ont eu pratiquement deux ans pour se préparer aux prochaines échéances électorales avec, en 2014, les municipales, les européennes et les sénatoriales.

    L’UDI et le Mouvement démocrate qui avaient créé l’Alternative en 2013 afin de se rapprocher, sont allés en ordre plus ou moins dispersé devant les électeurs.

    Ainsi, lors des municipales, le MoDem a fait alliance tantôt avec la PS, tantôt avec l’UMP, tantôt avec l’UDI, tantôt avec l’UMP et l’UDI alors qu’aux européennes, l’UDI et le Mouvement démocrate ont présenté des listes communes face au PS et à l’UMP. Quant aux sénatoriales, les listes ont été souvent UMP-UDI-MoDem.

    Les résultats ont été mitigés.

    Si l’UDI et le Mouvement démocrate ont gagné des villes aux municipales et des sièges aux sénatoriales, les deux partis le doivent le plus souvent à l’alliance avec l’UMP, démontrant ainsi les limites actuelles de leur indépendance au niveau électoral.

    Surtout, lorsque les deux formations centristes se sont présentées unies aux européennes avec une liste exclusivement centriste, elles n’ont réussi pas à passer la barre pourtant bien peu haute des 10%, loin derrière les trois gagnants, le PS, l’UMP et surtout le FN arrivé en tête d’une élection pourtant toujours favorable aux pro-européens et, en particulier, aux centristes.

    Même si on ne peut pas parler de défaite, les centristes ayant gagné des villes et des sièges au Palais du Luxembourg, ces succès sont relatifs et ne peuvent satisfaire les responsables centristes et l’autocongratulation des présidents des groupes UDI au Sénat et à l’Assemblée nationale lors des journées parlementaires de la confédération à propos des résultats électoraux semblait un peu décalée.

    Cela ne donne pas, en tout cas, d’indications précises sur les législatives et les présidentielles de 2017 qui seront évidemment cruciales pour savoir si le Centre est redevenu une force qui compte comme dans les années 1980-1990 pour l’UDF.

     

    - Bayrou se rapproche de Juppé et s’éloigne de l’UDI

    On avait quitté un François Bayrou de centre-gauche, on le retrouve au centre-droit mais pas forcément aux côtés de l’UDI.

    Après avoir essayé sans succès de se rapprocher de François Hollande, il a jeté son dévolu sur Alain Juppé qu’il affirme vouloir soutenir dans sa quête élyséenne de 2017 ou, si ce dernier n’est pas le candidat désigné de l’UMP, se présenter lui-même une quatrième fois.

    Ce qui permet au président du Mouvement démocrate et nouveau maire de Pau de laisser planer un doute sur sa propre candidature, c’est qu’il est toujours haut dans les sondages de popularité par rapport aux autres hommes politiques et qu’il est encore celui à qui les Français pensent en premier quand on doit citer une figure centriste.

    Reste que pour retrouver concrètement sa place de numéro un du Centre, il devra séduire, à la fois, les militants et les électeurs de l’UDI ce qui est loin d’être gagné en cette fin 2014.

    Surtout, il devra retrouver la confiance de tous ces centristes qui se sont détachés de lui au cours des quinze dernières années, ceux qui se trouvent maintenant à l’UMP et ceux qui se trouvent à l’UDI, au premier rang desquels il y a le nouveau président de ce parti, Jean-Christophe Lagarde.

    Il semble qu’il ait renoué les liens avec Hervé Morin mais il faudra voir si ce rapprochement est plus durable que les tactiques mises en place lors de l’élection interne de l’UDI.

     

    - Les présidentielles de l’UDI et le challenge de Lagarde

    Quatre candidats ont tenté de devenir président de l’UDI après le départ de Jean-Louis Borloo de la confédération qu’il avait mise sur pied en 2012 à la sortie des présidentielles et des législatives catastrophiques pour les partis centristes.

    Jean-Christophe Fromantin, député-maire de Neuilly-sur-Seine, le démocrate-chrétien aux valeurs très conservatrices alliées à une vision très libérale de l’économie, Yves Jégo, député-maire de Montereau, transfuge de l’UMP, libéral économiquement et sociétalement mais aussi nouvellement centriste, Hervé Morin, député-maire d’Epaignes et président très libéral du Nouveau centre, Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy et président aux accents démocrates-chrétiens de Force européenne démocrate étaient en lice.

    C’est ce dernier qui, au second tour et face à Hervé Morin, l’a emporté avec près de 54% des suffrages exprimés.

    Cette finale entre les deux frères ennemis de l’UDI (et, avant, du Nouveau centre) aurait pu se transformer en pugilat et le résultat de l’élection aurait pu sonner le glas de la confédération centriste tellement les inimitiés sont fortes entre les deux hommes et les clans qui les soutiennent.

    Cela n’a pas été le cas au grand soulagement de ceux qui se sont investis dans l’UDI pour tenter de refonder un Centre qui compte dans la vie politique.

    Mais si Jean-Christophe Lagarde a passé le premier écueil et si l’UDI est encore existante aujourd’hui, cela ne veut pas dire que tout est réglé loin de là.

    L’année 2015 sera ainsi très importante pour le parti centriste qui, à la fois, sera tiraillé par des forces internes antagonistes et subira les pressions de forces extérieures, notamment de l’UMP mais aussi du Mouvement démocrate pour n’être qu’un simple faire-valoir en vue des élections présidentielles et législatives de 2017.

    De même, le parti de centre-droit devra s’atteler à définir un projet politique et à penser à son programme politique pour 2017.

    C’est peut-être dans ces tâches qu’il pourra trouver une unité puisque les points de vue, même s’ils divergent ici ou là, sont assez homogènes.

    En tout cas, si l’UDI veut passer un cap pour être reconnu comme une force qui compte dans le paysage politique français, il va falloir qu’elle acquiert une identité qui lui manque encore aujourd’hui.

     

    - L’axe central et les centristes

    En cette année 2014, on a peut-être assisté aux prémisses d’une recomposition politique qui pourrait prendre plusieurs années, en tout cas qui ne pourra être réelle et légitimée que lors de prochaines élections nationales comme celles de 2017 ou, plus sûrement, sera une conséquence des résultats qui sortiront des urnes à cette occasion.

    Ainsi, à côté des extrêmes et des radicaux de la Gauche et de la Droite, se dessine, timidement mais sûrement, un axe central allant d’Alain Juppé à Manuel Valls en passant par Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou.

    En termes de courants des formations politiques, cette force en latence va des sociaux-libéraux du PS aux réformateurs de l’UMP en passant par les libéraux-sociaux de l’UDI et du Mouvement démocrate, tous ceux qui défendent une démocratie républicaine libérale et une économie sociale de marché.

    Bien entendu, chaque camp refuse pour l’instant cet axe et chacun tente simplement d’organiser des ralliements.

    Mais, que ce soit dans les propos de Manuel Valls ou d’Alain Juppé, les bases de cette recomposition sont présentes.

    Les centristes, eux, demeurent un peu plus dubitatifs.

    Il faut dire que leur instrumentalisation passée, tant par la Droite que par la Gauche, les incitent à la prudence.

    Seul aujourd’hui François Bayrou semble avoir pris son parti en faveur d’un rapprochement avec Alain Juppé.

    Cet axe, s’il voit le jour, pour être réellement central, voire centriste, devra compter sur un Centre fort et uni pour ne pas être un simple gadget, ce qui n’est pas encore le cas.

     

    - Les présidentielles de 2017 et le candidat centriste

    Si les élections présidentielles ne sont que dans deux ans, elles agitent déjà tous les états-majors politiques.

    L’emballement du temps politique pose évidemment de nombreuses questions sur la possibilité d’une démocratie efficace et apaisée mais c’est un fait qui amène à donner une importance démesurée à la préparation d’une présidentielle dès le résultat de la précédente.

    Dans ce cadre, les centristes se trouvent au milieu d’un jeu qu’ils tentent, tant bien que mal de maîtriser.

    L’enjeu est de savoir s’ils seront capables de présenter un candidat unique et crédible alors que le paysage politique en cette fin 2014 amène plutôt à prédire un effondrement du PS en 2017 avec, en parallèle, une montée excessivement forte et aussi inquiétante du FN et une UMP qui résiste sans pour autant une percée de l’UDI ou du MoDem dans l’opinion.

    Ainsi pour que l’UMP soit assurée d’être au second tour face, sans doute si rien n’évolue d’ici à deux ans, à la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen, il lui faut les voix centristes.

    C’est la raison pour laquelle l’UMP exerce déjà une pression très forte sur l’UDI mais aussi le Mouvement démocrate pour qu’il n’y ait qu’un candidat et évidemment qu’il vienne de la Droite et non du Centre.

    Face à cela, les centristes sont en ordre dispersé.

    Il y a ceux qui veulent une alliance dès à présent avec l’UMP et un soutien à son candidat quel qu’il soit. Ils sont très minoritaires jusqu’à présent. C’est le cas de François Sauvadet, soutien inconditionnel de Nicolas Sarkozy.

    Il y a ceux qui veulent participer à une primaire conjointe de la Droite et du Centre pour désigner le futur candidat sachant que ce sera soit Nicolas Sarkozy, soit Alain Juppé avec aucune chance pour les candidats centristes à l’heure actuelle. C’est le cas d’Hervé Morin qui ne veut surtout pas d’une candidature Lagarde.

    Il y a ceux qui veulent un candidat centriste sur le principe et, si celui-ci rencontre une adhésion populaire, sa présence au premier tour de la présidentielle et, s’il n’est pas qualifié pour le second, un désistement en faveur du candidat de la Droite. C’est le cas de Jean-Christophe Lagarde (qui se verrait bien en candidat du Centre) et d’Yves Jégo.

    Puis il y a celui qui veut défendre un candidat UMP, Alain Juppé, et si celui-ci n’est pas désigné par la primaire de droite, se présenter face à Nicolas Sarkozy et, éventuellement, ne pas appeler à voter pour lui au second tour. Il s’agit de François Bayrou.

     

    - Le Centre uni n’est pas encore une réalité

    En créant l’Alternative en 2013, Jean-Louis Borloo et François Bayrou affirmaient vouloir rapprocher leurs deux formations, l’UDI et le Mouvement démocrate.

    En cette fin 2014, cette «organisation coopérative» comme l’a baptisée François Bayrou n’a été qu’une simple appellation pour le cartel électoral mis en place lors des élections européennes avec le peu de succès que l’on sait.

    Surtout, l’Alternative a permis à François Bayrou de ressusciter politiquement sur le dos de l’UDI ce que les responsables de cette dernière ont peu apprécié, Jean-Christophe Lagarde en tête.

    Même si les responsables des deux partis jurent qu’une de leurs tâches principales est bien une refondation du Centre qui aboutit à une réunification de la famille centriste, on ne voit pas très bien comme cette dernière pourrait aboutir en 2015 et même au-delà.

    Le repositionnement de François Bayrou au centre-droit n’a pas eu comme conséquence la mise en route d’une union plus forte entre les deux formations centristes.

    Les préventions et les incrédulités demeurent de chaque côté.

    Peut-être qu’un projet politique commun, comme pour les différentes composantes de l’UDI, pourrait resserrer des liens encore très distendus.

     

    - Centriste de l’année: Jean-Christophe Lagarde

    Après le retrait – temporaire ou définitif – de la vie politique de Jean-Louis Borloo, il fallait que l’UDI se dote d’un nouveau président. Jean-Christophe Lagarde a donc été celui-là. Et c’est une victoire importante pour le député-maire de Drancy qui était demeuré jusque là un second couteau, ne parvenant pas à franchir le palier supplémentaire pour devenir un leader politique au niveau national.

    Il va falloir évidemment qu’il confirme et qu’il prenne de l’épaisseur mais sa victoire ainsi que ses premiers pas en tant que président ont été réussis.

    Bien entendu, les côtés controversés de l’homme demeurent et il est pratiquement sûr qu’il ne fera pas l’unanimité à l’UDI avant longtemps.

    Mais l’important pour Jean-Christophe Lagarde est d’être enfin en haut de l’affiche afin de démontrer tout son savoir en matière d’organisation (comme la réussite de son implantation en Seine-Saint-Denis) et de positionnement politique de l’UDI qui doit être, selon lui, le parti de l’humanisme et du fédéralisme, le tout teinté de solidarisme.

    La constitution de son équipe dirigeante n’a pas, en revanche, été aussi habile qu’on aurait pu le penser avec une distribution quasi-exclusive des postes à ses proches et peu de présence des autres composantes de l’UDI, notamment des amis d’Hervé Morin.

    Sans doute que Lagarde veut une direction soudée pour une efficacité maximum.

    Dès lors, si échec il y a, il sera entièrement le sien.

    Reste qu’avec la déliquescence du Parti socialiste et la montée du Front national, l’UDI a un rôle important à jouer et une place à prendre.

    Tout est de savoir si Jean-Christophe Lagarde parviendra à relever ce challenge.

    Son volontarisme est une arme mais l’on sait depuis longtemps qu’elle est à double-tranchant tant ceux qui l’ont employée, ont obtenu des résultats mitigés dans leur action, voire des défaites cuisantes.

    Néanmoins, ce volontarisme tranche avec un discours centriste souvent sans relief et sans saveur qui se retranche derrière la modération pour ne pas être ambitieux.

    Que Jean-Christophe Lagarde ait de l’ambition pour le Centre (et pour lui), est une des bonnes nouvelles de 2014.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Le Centrisme en France en 2015. Le Centre à la recherche de crédibilité

    - UDI, envol ou stagnation?

    Créée en 2012, l’UDI a du affronter deux examens de passage en 2014.

    Le premier a été constitué des rendez-vous électoraux où la confédération regroupant plusieurs partis centristes et de droite modérée, a obtenu des résultats satisfaisants mais sans plus.

    Néanmoins, ces derniers ont démontré qu’elle pouvait avoir une existence électorale, ce qui n’était pas gagné d’avance après la forte déconvenue des centristes en 2012.

    Le deuxième a été l’élection d’un nouveau président après le départ de son fondateur, Jean-Louis Borloo.

    Si la campagne a été peu consensuelle et loin d’être amicale, elle n’a pourtant pas dégénéré en un pugilat comme beaucoup pouvaient le craindre.

    Le deuxième tour entre deux frères ennemis, Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde, s’est déroulé dans un climat tendu mais le perdant, Morin, n’a pas quitté le navire, ce qui était une des possibilités envisagées par les observateurs.

    Pour autant, le vrai rendez-vous de l’UDI se déroulera à la fois en 2016 et en 2017 avec l’annonce d’une éventuelle candidature pour les présidentielles et la capacité de la formation centriste lors des présidentielles et des législatives d’avoir de bons résultats et de peser avant et après sur la politique du pays.

    En 2015, les élections départementales et régionales seront sans doute pour l’UDI du même acabit que les municipales et les sénatoriales de 2014, c’est-à-dire des résultats encourageants mais pas mirifiques.

    Mais ce qui occupera – ou devrait occuper – la direction et les militants sera la consolidation du parti et la possibilité pour les différents courants et les différentes personnalités de coexister, voire de vivre ensemble sereinement.

    De ce point de vue, le lancement d’une réflexion sur le projet politique et le programme électoral en vue de 2017 pourrait être un élément positif pour rapprocher les personnalités et éviter des clashs.

    Mais rien n’est gagné d’avance et la survenance de dissensions et de dissidences n’est pas à exclure.

    Reste que celui ou ceux qui prendront le risque de mettre en péril l’UDI pourraient en payer le prix fort politiquement parlant.

     

    - Lagarde peut-il réussir?

    Jean-Christophe Lagarde est donc devenu le nouveau président de l’UDI, poste qu’il convoitait et qui était essentiel pour lui faire prendre une nouvelle dimension politique.

    Sa victoire avec près de 54% des voix ne souffre aucune discussion même si elle n’est pas assez massive pour l’installer comme un leader indiscutable et indiscuté.

    Néanmoins, sa campagne et ses premiers pas en tant que leader de la confédération ont été réussis mais ils n’ont pas levé les interrogations sur ses capacités à diriger l’UDI ainsi qu’à devenir une personnalité politique nationale de premier plan.

    D’autant qu’il est loin de faire l’unanimité à l’intérieur du parti et que les articles et autres reportages sur sa gestion de la ville de Drancy et de la fédération UDI de Seine-Saint-Denis ont été loin d’être élogieux, pointant des comportements limites et des pratiques peu démocratiques.

    Bien sûr, les renseignements sur lesquels se sont appuyés les journalistes sont souvent venus du camp d’Hervé Morin et de ses amis mais la personnalité de Lagarde ainsi que sa façon d’agir et de parler alimentent assez facilement les doutes et les suspicions journalistiques.

    Il semble évident qu’un des modèles politiques de Jean-Christophe Lagarde, auquel il fait peu référence, est Nicolas Sarkozy et sa façon d’agir à la hussarde, tant à l’intérieur de l’UDI que dans ses prises de position.

    Ainsi, il n’a pas de mots assez durs pour fustiger la «mollesse» des centristes pour indiquer qu’il n’est pas de cette espèce, préférant le coup de poing politico-médiatique.

    Mais cette façon d’agir est loin d’être la vision centriste de la politique alors qu’elle l’est largement pour celle de la Droite, ce qui peut braquer une partie de l’électorat qui vote pour le Centre.

    Dès lors, Jean-Christophe Lagarde devra démontrer que l’on peut avoir un comportement agressif dans le bon et le mauvais sens du terme tout en étant capable de délivrer un message humaniste qui a du sens, ce qui est son leitmotiv selon ses propos.

    Les dérapages verbaux font partie intégrante de sa stratégie politique et de sa personnalité.

    Reste à savoir s’ils lui ouvriront un avenir radieux ou, au contraire, le mettront en total porte-à-faux avec le courant de pensée politique qu’il veut représenter.

    Mais il faut cependant louer le fond de son discours lorsqu’il reprend les fondamentaux centristes trop souvent oubliés par d’autres, tant à l’UDI qu’au Mouvement démocrate, ainsi que sa farouche détermination à construire un Centre indépendant et une UDI forte.

    En revanche, ses déclarations sans nuance sur moult sujets d’actualité demeurent problématiques pour l’image de son parti.

     

    - Mouvement démocrate, enlisement ou résurrection?

    Que va devenir le Mouvement démocrate?

    La question est assez récurrente depuis 2007 tant le parti fondé par François Bayrou pour remplacer l’UDF ne parvient pas à se développer du fait même qu’il a été créé avant tout pour permettre à l’ambition présidentielle de son président de se réaliser, ce qu’il n’a pu faire jusqu’à présent.

    Reste que l’échec de 2012 où François Bayrou n’est pas parvenu à dépasser les 10% de voix mais surtout les échecs à répétition lors de toutes les autres élections nationales auxquelles il a participé n’ont pas signé son arrêt de mort que beaucoup prédisaient.

    Pour expliquer cela, bien sûr, il y a ces militants totalement dévoués à leur chef, une anomalie dans l’espace centriste mais aussi une certaine résilience de ces centristes qui estiment que le MoDem est aujourd’hui le seul parti qui représente le Centre indépendant et qui ne veulent pas entendre parler d’un ralliement à l’UDI qui, selon eux, est composé de gens qui ont trahi la cause centriste en 2007, lors du second tour de la présidentielle, qui a amené à la création du Nouveau centre et à son soutien sans faille pendant cinq ans à Nicolas Sarkozy que François Bayrou, de son côté, critiquait sans relâche.

    Le retour à droite du Mouvement démocrate pose malgré tout des questions sur son avenir.

    Aujourd’hui, il est plus dans une sorte de doublon avec l’UDI que de concurrence sur des lignes politiques différentes.

    Mais les rancœurs étant tenaces tant à l’UDI qu’au MoDem, on ne voit pas encore une réunification de la famille centriste dans une seule formation.

    Du coup, le Mouvement démocrate ne va pas disparaître, sans doute, avant 2017.

    Après, c’est une autre histoire.

     

    - Quid de l’avenir présidentiel de François Bayrou?

    Trois tentatives, trois échecs dès le premier tour, surtout une descente vertigineuse entre la troisième place de 2007 avec 18,7% des voix et la quatrième de 2012 avec moins de 10% des voix, loin derrière les candidats du PS et de l’UMP mais aussi, nettement plus grave, du Front national.

    Dans ce cadre, on peut légitimement se poser la question de savoir si François Bayrou a encore un avenir présidentiel.

    2015 sera peut-être une année charnière pour apporter des éléments de réponse dans un sens ou dans un autre.

    Aujourd’hui, les choses semblent claires puisque François Bayrou affirme avoir fait allégeance à Alain Juppé s’il est candidat.

    Mais, car il y a un mais, si l’ancien premier ministre de Jacques Chirac et actuel maire de Bordeaux ni va pas, alors il laisse ouverte la porte à sa propre candidature.

    Le président du Mouvement démocrate, qui a ressuscité politiquement avec son élection à la mairie de Pau, estime sans doute qu’il a encore ses chances puisqu’il demeure dans le peloton de tête des baromètres des politiques les plus appréciés des Français.

    S’il se présente en 2017, il compte jouer le rejet, à la fois, de Hollande et de Sarkozy et la peur de Le Pen pour arriver en tête des candidats démocrates au premier tour et comme seul rempart à l’extrême-droite au second.

    Un challenge qui n’est pas impossible mais qui ne semble pas le plus probable.

     

    - L’Alternative, disparition ou dynamique?

    L’Alternative, cette «organisation coopérative» mise en place en 2013 par Bayrou et Borloo pour rapprocher le MoDem et l’UDI a-t-elle encore un avenir? Ou, plutôt, a-t-elle encore un intérêt?

    Sa seule utilité jusqu’à aujourd’hui a été d’être un cartel électoral qui a permis des listes communes entre les deux partis centristes aux européennes.

    Mais le résultat a été très décevant, moins de 10% des voix et une quatrième place derrière le FN, L’UMP et le PS, dans une élection où, pourtant, les thèses centristes rencontrent généralement une plus forte adhésion.

    Dès lors, on peut se demander à quoi sert l’Alternative d’autant que lorsque l’on parle des élections départementales et régionales de 2015, c’est pour indiquer la constitution de listes communes UMP-MoDem- UDI sans aucune mention pour l’organisation coopérative.

    Peut-être que l’Alternative ne sera pas dissoute – on ne sait jamais, elle pourrait servir – mais on ne voit pas pourquoi elle deviendrait autre chose que ce qu’elle est actuellement.

     

    - Centristes de l’UMP, à quoi vont-ils servir?

    Depuis la création de l’UDI, les centristes de l’UMP sont une sorte d’anomalie politique d’autant que, malgré les efforts d’un Jean-Pierre Raffarin ou de quelques autres, on ne les entend peu, qu’ils ont peu d’idées et que leur seule ambition semble être, à la fois, de tenter d’exister dans le parti et de ne pas perdre leurs mandats électifs afin de ne pas disparaître du paysage politique.

    Pour autant, malgré cette totale marginalisation à l’intérieur de l’UMP, ils ne se sont pas ralliés en masse à l’UDI, loin de là.

    A part les troupes de Borloo venues de l’UMP – et encore pas toutes – les prises de guerre ont été limitées à quelques personnes en rupture de banc avec le parti de droite (Méhaignerie, par exemple). Et celles-ci ont eu lieu en 2012.

    Même l’élection à la présidence de l’UMP de Nicolas Sarkozy avec un discours très à droite et un mépris pour les centristes (mais pas pour leurs voix) n’a causé aucun départ de ces derniers vers l’UDI.

    Ce n’est donc pas en 2015 que l’on devrait assister à des retrouvailles des centristes de l’UMP avec ceux de l’UDI et du Mouvement démocrate.

    Mais les centristes de l’UMP ou ceux qui se prétendent centristes seraient bien inspirés, parfois, de marquer leur différence ou leur originalité, ce qu’ils font de moins en moins, se laissant lentement aspirer pour ne devenir que des droitistes modérés, ralliés à l’un ou l’autre des leaders de l’UMP.

     

    - Juppé peut-il séduire les centristes?

    Alain Juppé veut avoir les centristes avec lui pour devenir président de la république. Mais, a-t-il tenu à préciser alors que personne ne le lui demandait, il n’est pas centriste.

    Dont acte.

    C’est vrai que le gaullo-radicalisme modéré de Juppé peut séduire les centristes d’autant que l’homme se veut réformiste à l’inverse de son mentor, Jacques Chirac, qui repoussa, après la cuisante défaite des législatives de 1997, toute idée de modernisation de la société française lors de ses deux mandats pour ne froisser personne.

    Si François Bayrou s’est déjà rallié à Alain Juppé, ce n’est pas encore le cas de l’UDI même si certains à l’intérieur de la confédération comme Hervé Morin seraient prêts à le faire.

    Cependant, les trois autres candidats à la présidence, dont le vainqueur (Fromantin, Jégo, Lagarde) sont loin de vouloir remettre les clés de l’UDI à Alain Juppé.

    Ce dernier devra donc faire des efforts pour les convaincre et 2015 verra sans doute des initiatives dans ce domaine de la part du maire de Bordeaux.

     

    - Valls peut-il créer une nouvelle majorité de centre-gauche?

    Manuel Valls a occupé le terrain politique en 2014 avec, entre autres, sa volonté d’ouvrir la majorité présidentielle au centre.

    Les partis centristes ont répondu avec une fin de non recevoir mais le premier ministre de François Hollande voit sans doute plus loin qu’une entrée de quelques personnalités du Centre dans son gouvernement.

    C’est à une recomposition politique qu’il veut s’atteler.

    Issu du courant rocardien du PS, celui-là même qui, en 1988, avec son fondateur, Michel Rocard, comme premier ministre, fit entrer des centristes dans un gouvernement de gauche, il sait que ce qui rapproche les sociaux-libéraux dont il fait partie et les libéraux sociaux que sont les centristes est plus important que ce qui rapproche les premiers nommés de la gauche radicale et de la vieille gauche arc-boutée sur des visions périmées de la société.

    Cette recomposition, Manuel Valls la voit pour 2017 et la présidentielle, ou, si ce n’est pas encore possible, pour les années d’après.

    Les convictions de Manuel Valls en la matière ne peuvent être niées.

    Depuis des années, il plaide pour une ouverture du PS vers le Centre. Cependant, dans sa vision actuelle, il faut que ce soit les centristes qui se rallient plutôt que d’une nouvelle organisation du paysage politique.

    C’est pourquoi il semble peu probable qu’une nouvelle majorité de centre-gauche voit le jour en 2015 mais il sera intéressant de voir quelles seront les évolutions en la matière et si un dialogue va ou non s’instaurer entre les deux parties.

     

    - Axe central, plus qu’un feu de paille?

    Y a-t-il un axe central en gestation en France qui regrouperait les centristes, les sociaux-libéraux du PS (voire certains sociaux-démocrates) et les réformistes de l’UMP?

    S’il est un peu trop tôt pour l’affirmer, en tout cas, les convergences idéologiques existent bel et bien.

    Les difficultés dans lesquelles se trouve le gouvernement de Manuel Valls et le vraisemblable changement de majorité en 2017 (ou avant), ne facilitent guère une reconstruction du paysage politique dans les deux années qui viennent.

    Cela dit la radicalisation d’une partie de l’UMP et du PS, la montée des extrémismes populistes et poujadistes ouvrent enfin cette discussion sur les valeurs communes à cet espace central où pourrait se constituer cet axe central.

    Quoi qu’il en soit, ce sera par une alliance électorale sur un projet et une légitimité issue du suffrage universel que cet axe pourra exister un jour, sinon il ne sera qu’un objet politicien sans grand avenir.

     

    - Front national, le Centre devant ses responsabilités

    Les centristes luttent depuis toujours contre les clientélismes, tous les clientélismes qu’ils viennent de la Gauche ou de la Droite.

    De ce point de vue, ils sont les mieux placés pour lutter contre ces extrémismes qui s’appuient sur les pires penchants d’une partie de l’électorat et qui gagnent du terrain chaque année en France, qu’ils viennent de la Droite ou de la Gauche.

    Il faudra se rappeler de cette année 2014 où, pour la première fois, un parti d’extrême-droite est arrivé en tête d’une élection nationale en France, en l’occurrence les européennes.

    Les partis centristes doivent donc être le fer de lance d’une lutte contre l’obscurantisme du Front national et de son projet rétrograde pour la France ainsi que pour sa vision totalement opposée à celle humaniste du Centre.

    Jusqu’à présent, tant au Mouvement démocrate qu’à l’UDI, les comportements sont globalement exemplaires face au FN à part quelques exceptions vite réprimées.

    Mais le Centre ne doit pas relâcher la pression et entraîner avec lui tout ce que le pays compte de démocrates.

     

    - Les centristes à la recherche de crédibilité

    Où sont les partis centristes et que veulent-ils?

    Voilà deux questions au cœur même de la problématique politique que rencontre le Centre.

    Dans les sondages, les Français se disent proches du Centre et de ses valeurs humanistes et aiment bien les leaders centristes identifiables comme Bayrou ou Borloo, par exemple.

    Ils ont même placé une centriste, Simone Veil, comme leur personnalité préférée.

    Oui, mais voilà, lors des élections, les partis centristes sont loin derrière ceux de gauche et de droite.

    Il faut dire qu’il est souvent difficile à l’électeur de savoir où se trouvent les centristes.

    Le récent revirement de François Bayrou d’une proximité à gauche vers un ralliement avec la Droite ou le brandissement par l’UDI de son indépendance alors qu’elle se dit dans une alliance «naturelle» avec la Droite, ne sont pas fait pour l’éclairer.

    De même, il a du mal à savoir ce que les partis centristes proposent en matière économique, sociale, sociétale ou internationale pour permettre de recréer les conditions d’un vrai progrès humaniste en France.

    Notre électeur les voit s’opposer frontalement au gouvernement de Manuel Valls alors qu’ils parlent de trouver des consensus et d’avoir une position constructive, ce qui n’est pas non plus très clair.

    La récente déclaration de Jean-Christophe Lagarde affirmant que l’UDI voterait contre toutes les mesures contenues dans la loi Macron alors que des membres de son parti disaient le contraire comme Jean-Christophe Fromantin, est malheureusement caractéristique d’un positionnement flou sachant qu’en matière de mariage homosexuel, c’est Lagarde qui a voté avec le gouvernement et Fromantin qui s’est violemment opposé, étant même un des leaders des manifestations contre cette mesure.

    Si les centristes veulent que les Français votent pour eux en masse en 2017, il va falloir qu’ils leur donnent de bonnes raisons pour le faire.

    Donc qu’ils expliquent qui ils sont et ce qu’ils veulent dès 2015.

    Et que cela ait du sens.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Lagarde veut-il faire de l’opposition systématique?

    Pour justifier un vote contre la loi Macron – du nom du ministre de l’Economie – qui veut libérer l’économie d’un certain nombre de carcans et relancer la croissance, Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI a déclaré qu’il s’agissait d’une «petite boîte à outils» estimant qu’«il y a des petites avancées utiles, mais c'est un bricolage qu'on nous présente comme la huitième merveille du monde. Il ne faut tout de même pas exagérer».

    Tout en reconnaissant que les mesures qu’elle contient vise à libérer l’économie française, cheval de bataille des centristes, il a ajouté: «c'est vrai qu'elle (l’économie française) est enfermée, corsetée, paralysée».

    Une telle prise de position alambiquée est assez décevante tant sur la forme que sur le fond.

    En effet, si cette loi présentée par Emmanuel Macron libère l’économie française ne serait-ce qu’un peu, même si ce n’est pas suffisant aux yeux de Lagarde, c’est-à-dire qu’elle contient tout de même des avancées positives, pourquoi donc ne pas la voter malgré tout en attendant de pouvoir faire plus.

    Une tel comportement s’apparente donc plus à de l’opposition systématique qu’à une ouverture à toutes les bonnes initiatives ou à toutes celles qui vont dans le bon sens, de quelque bord politique qu’elles viennent qui était la devise que Jean-Louis Borloo avait mise en pratique et qui est celle, plus généralement, des centristes.

    Mais c’est là, peut-être, que se trouve le problème de Jean-Christophe Lagarde.

    Se décrivant comme un humaniste centriste, il parle et agit souvent en partisan sectaire et intransigeant.

    Pour justifier une telle impression, le président de l’UDI explique qu’il a des convictions fortes et qu’il les défend.

    Pour ses adversaires de l’UDI, c’est parce qu’il serait peu ouvert au dialogue et aurait une tendance autoritaire affirmée.

    Cependant, on pourrait aussi y voir un certain manque d’assurance en soi et la volonté de montrer à son camp et surtout aux Français que l’on est un opposant sans concession de peur que son appartenance centriste soit vue comme de la faiblesse et de la mollesse.

    Car Jean-Christophe Lagarde a encore besoin de s’imposer alors même qu’un membre de son parti, Maurice Leroy, vient de déclarer, après d’autres, qu’il n’avait ni le charisme, ni l’expérience pour être candidat à l’élection présidentielle de 2017.

    Quoi qu’il en soit cette prise de position est dans le droit fil de celle du président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, alors qu’elle n’est pas forcément partagée par tous les modérés du parti de droite.

    Surtout, elle est contradictoire avec la déclaration du député UDI Michel Zumkeller qui, lors de l’audition du ministre de l’Economie à l’Assemblée nationale a déclaré à ce dernier que «le groupe UDI va aborder ce débat sans hostilité particulière, plutôt avec une certaine perplexité. On souhaite vous proposer des choses, qu'elles puissent être entendues, qu'on puisse travailler ensemble. Et nous verrons à l'issue du débat quelle sera notre position».

    Ce qui semble être plus proche de la pratique et du pragmatisme centristes.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Les centristes et leur destin

    Les centristes sauront-ils prendre leur destin en main ou se montreront-ils incapables de jouer collectivement et d’être présents lors des prochaines présidentielles de 2017?

    La réponse à cette question conditionnera leur capacité à gouverner et/ou à peser sur le débat politique quoi qu’il arrive.

    Elle sera aussi importante sur le rapport de force qui s’instaurera dans les prochaines années avec les tentations de radicalisation de la Droite, la menace de l’extrême-droite et, plus généralement, les dérives populistes et démagogiques qui impactent tous les bords politiques.

    Le premier challenge qui attend les centristes est celui de l’union, de l’écriture d’un projet politique, de la réflexion sur un programme électoral, c’est-à-dire celui de la cohésion de l’espace centriste.

    Le deuxième challenge sera celui des alliances politiques et de l’attitude face à l’élection la plus importante de la vie démocratique de la V° République, la présidentielle où ils auront le choix entre présenter un candidat indépendant, participer à la primaire de l’opposition avec l’UMP ou de faire ni l’un, ni l’autre.

    Or donc, le premier challenge concerne la capacité d’union des centristes.

    Sans parler des centristes qui sont à l’UMP et d’autres qui se trouvent dans la majorité actuelle, la refondation du Centre dans une réunion des différents courants centristes indépendants ne va pas de soi.

    Outre la séparation entre le Mouvement démocrate et l’UDI que la création de l’Alternative n’a absolument pas réduite, les diverses chapelles à l’intérieur de la confédération qu’est l’UDI vont avoir beaucoup de mal à cohabiter ensemble dans les mois qui viennent.

    La victoire de Jean-Christophe Lagarde sur Hervé Morin pour la présidence de la formation de centre-droit n’a pas permis, comme on le supposait et on le craignait, de renforcer l’unité.

    Il suffit de voir l’organigramme de la nouvelle direction concoctée par Lagarde où les partisans de Morin sont marginalisés pour les rares qui auront une fonction de direction ou d’entendre ce dernier lancer des piques sans arrêt à l’encontre de son concurrent victorieux et de toutes ses initiatives, prenant un malin plaisir à dire le contraire de ce qu’il vient de déclarer pour s’apercevoir que la tâche de rassembler l’UDI pour qu’elle se tourne vers ce qui est sa fonction et son objectif, la conquête du pouvoir et la mise en place d’une politique centriste ne va vraiment pas de soi.

    Sans oublier que François Bayrou, qui a intérêt en une UDI faible et divisée, ne manquera pas d’attiser les rivalités entre ces deux anciens lieutenants.

    Et pour que cette conquête puisse avoir lieu, il faut évidemment un projet politique et un programme électoral qui permettra enfin aux Français de distinguer vraiment le Centre de la Droite et de la Gauche.

    Mais ceux-ci ne pourront être élaborés que dans une union où tous tireront dans le même sens et non dans des directions opposées.

    Comment écrire des textes si importants quand des chicaneries empêchent la réflexion de fond?

    Le challenge de la cohésion de l’espace centriste est donc loin d’être gagné à l’heure actuelle.

    Néanmoins, l’espérance de gagner les élections et de gouverner qui ressort des sondages et de l’état d’esprit des Français peut imposer une entente des centristes.

    Car il serait totalement irresponsable de leur part de manquer l’opportunité qui se présente pour des querelles auxquelles les électeurs ne comprennent pas grand-chose sauf que les centristes, décidément, ne sont pas capables, une nouvelle fois, d’être crédibles à leurs yeux.

    Le deuxième challenge sera de savoir comment aborder la présidentielle.

    Les centristes doivent-ils avoir un candidat indépendant (voire deux s’il y en a un du MoDem et un de l’UDI) qui se présente quoiqu’il arrive ou doivent-ils faire une croix sur 2017, soit en se présentant à la primaire de la Droite avec 100% de chance d’être battus ou en renonçant à participer à ce rendez-vous électoral directement de quelque façon que ce soit?

    En préambule, on doit dire qu’il est difficile de prédire qu’un centriste puisse être vainqueur de la prochaine présidentielle.

    Même si rien n’est forcément donné, même si un Bayrou et, pourquoi pas, un Lagarde pourraient créer la surprise, il est plus sérieux d’envisager un score conséquent qui permettent de placer le centre et ses idées en position de force dans une alliance pour le second tour.

    L’évidence pour un courant de pensée majeur et indépendant est d’avoir un candidat à la reine des élections qui est la présidentielle dans notre système politique actuel.

    Renoncer à s’y présenter, c’est admettre que l’on est incapable de la gagner mais aussi incapable de bien y figurer et d’en retirer un avantage politique.

    Si l’on regarde bien les résultats des dernières présidentielles, il semble clair que les centristes ont existé plus ou moins bien (autour de 7% en 2002, 18,5% en 2007 et 9% en 2012).

    Pour autant, ils ont été incapables de bien négocier leur force électorale pour gouverner ou même influencer le pouvoir issu de ces élections.

    Il faut évidemment que cela change.

    Cependant, ce n’est pas en refusant d’être présent au premier tour de la présidentielle de 2017 que les centristes pourront peser réellement et non à la marge sur la gouvernance de la France.

    En décidant de participer à la primaire de la Droite – où les quelques milliers de militants ne feront pas le poids face aux dizaines de milliers de l’UMP, sans parler des sympathisants et ce même en cas d’un mouvement populaire en faveur des partis centristes –  et en se désistant pour un des candidats présent au second tour de celle-ci et en se ralliant au vainqueur, les centristes auront quelques miettes et quelques promesses mais elles seront loin de valoir celles qu’ils pourraient obtenir dans des négociations entre les deux tours d’une présidentielle où c’est la victoire finale qui est en jeu, installant une pression sur celui qui veut rallier derrière son nom.

    Une réalité même si le vainqueur de la primaire s’appelle Alain Juppé.

    Reste une troisième alternative qui serait de ne pas participer directement à la présidentielle en se préparant avant tout pour les législatives qui suivront et en tentant d’influencer le choix des candidats de Droite (Juppé) et de Gauche (Valls) puis en s’engageant pour l’un d’entre eux (plus Juppé que Valls mais que se passerait-il si c’était Sarkozy-Valls?).

    Les centristes se retrouveraient dans une configuration qu’ils ont connue en 1995 avec leur soutien raté à Edouard Balladur.

    Mais, en misant sur le bon cheval, ils pourraient, en amont, négocier un vrai contrat de gouvernement avec une vraie alliance électorale.

    Cette dernière solution n’est évidemment pas la meilleure alors que l’élection présidentielle est un passage obligé pour les grands courants politiques d’exister et de peser.

    Mais, à défaut d’être présent directement, ne vaut-il pas mieux ne pas y aller que de se ridiculiser dans une primaire à droite comme Jean-Michel Baylet se ridiculisa en 2011 dans la primaire à gauche, où le président des Radicaux de gauche obtint laborieusement 0,64% des voix…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • UDI: Que veut Hervé Morin et que peut-il faire?

    C’était prévisible, le battu aux élections de la présidence de l’UDI ne digère pas sa défaite qu’il affirme être une «victoire morale».

    Deux semaines après les résultats, le député de l’Eure et président du Nouveau centre continue à douter de la sincérité du scrutin affirmant même, sans en donner les preuves, qu’il est arrivé en tête dans tous les départements sauf en Seine-Saint-Denis qui est celui de Jean-Christophe Lagarde, le vainqueur et désormais président de l’UDI où il estime que des pratiques douteuses se sont déroulées avant et pendant des élections menées par son concurrent.

    Et d’appuyer ses dires en citant les enquêtes de la presse sur les comportements suspects de Lagarde, en oubliant de préciser que certaines ont pu avoir lieu grâce aux confidences de ses amis aux journalistes.

    Le portrait que consacre le quotidien Libération au nouveau président de l’UDI en est une preuve parmi d’autres.

    Toujours est-il qu’Hervé Morin déclare dans tous les médias qu’il est toujours dans l’UDI et qu’il a tourné la page.

    En revanche, quelle va être sa stratégie et son positionnement à l’intérieur de la confédération centriste et pour quel but?

    La première indication est qu’il sera un opposant déterminé à Jean-Christophe Lagarde – ce qui était hautement prévisible – en se parant d’une moralité politique que son adversaire ne possèderait pas et dont il a fait son porte-étendard avant même les résultats du second tour.

    La deuxième est venue de ses déclarations à Sud radio sur sa volonté de créer une «majorité d’idées larges» avec François Bayrou et Alain Juppé pour contrer Nicolas Sarkozy en 2017 mais aussi pour marginaliser Jean-Christophe Lagarde qui milite depuis longtemps pour une candidature indépendante de l’UDI au premier tour de la présidentielle.

    Quel est donc son but?

    Il est sans doute trop tôt, même pour Hervé Morin, pour savoir où le mènera exactement cette stratégie et ce positionnement mais ce qui est sûr c’est qu’il en va de sa survie politique.

    Dénier ainsi à Jean-Christophe Lagarde la légitimité au moins morale d’être le président incontesté de l’UDI est une manière de le fragiliser en instillant un doute afin de miner son assise et de l’empêcher de prendre une dimension politique nationale à son détriment.

    C’est, bien sûr, en conséquence, parier sur l’échec de la présidence Lagarde et de se mettre en réserve du parti, prêt à être le recours au cas où.

    En ayant obtenu près de 47% des suffrages, Hervé Morin n’a pas été écrasé, loin de là, et peut s’appuyer sur ce résultat pour être l’opposant légitime numéro un de l’intérieur à Jean-Christophe Lagarde.

    Pour autant, il prend un risque pour lui et, surtout, pour l’UDI.

    Le risque pour lui est d’apparaître comme le mauvais perdant qui ne conteste que la place prise par son adversaire sans donner un contenu politique suffisant à cette opposition.

    Ainsi, s’il continue ses accusations sur des actes douteux de Lagarde, il faudra bien qu’il apporte à un moment ou à un autre les preuves à ses dires afin de ne pas se décrédibiliser.

    Néanmoins, ses déclarations sur une alliance avec Bayrou et Juppé mais aussi ses propos durant la campagne pour la présidence du parti sur sa vision d’un libéralisme totalement assumé sont là pour donner du fond à son opposition.

    Le risque qu’il fait courir à l’UDI est, bien entendu, de fragiliser cette confédération en l’empêchant de devenir une force politique majeure.

    Si cela se produisait, Hervé Morin pourrait évidemment en pâtir par effet boomerang.

    Mais il faut se rappeler qu’il n’a pas intégré l’UDI de gaîté de cœur et qu’il lui reste la présidence du Nouveau centre pour peser et exister politiquement.

    Et il pourrait se servir de ce dernier pour se rapprocher de Bayrou et Juppé si l’occasion se présente.

    Sans aller jusque là, au moins pour l’instant, il lui faut apparaître unitaire – ne pas remettre en cause l’existence de l’UDI – et un homme libre – ne pas disparaître des écrans radars médiatiques – pour avoir un avenir politique à court terme.

    Le clash entre les deux personnalités pourraient avoir lieu en 2016 ou même plus tôt sur une candidature UDI à la présidentielle qu’Hervé Morin pourrait dénoncer comme de l’aventurisme irresponsable de la part de Jean-Christophe Lagarde si celui-ci se présentait comme il en a envie.

    Ironie de l’histoire, c’est justement en reprochant cet aventurisme irresponsable de Morin en 2012 lors de sa candidature à la présidentielle que Lagarde avait provoqué un clash et était parti créer sa Force européenne démocrate qui est ensuite devenue une des composantes fondatrices de l’UDI…

    Alexandre Vatimbella

     

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  • UDI: Les premiers pas prometteurs de Lagarde

    Jean-Christophe Lagarde a entamé sa deuxième semaine de président de l’UDI et les grands médias, jusqu’à présent distants avec celui qui n’était encore que le député-maire de Drancy, lui ont ouvert leurs portes et leurs émissions pour le découvrir et le faire découvrir au pays.

    Le nouveau leader du parti centriste la formation centriste a ainsi eu l’occasion de préciser son projet pour l’UDI et sa vision du Centre dans le paysage politique français.

    Avec un discours assez volontariste, il a expliqué qu’il voulait un parti indépendant et capable d’être un partenaire d’égal à égal avec l’UMP, surtout qui pourrait présenter son candidat à l’élection présidentielle.

    Quant au Centre, il veut en faire une force de renouveau devant les échecs de la Droite et de la Gauche ainsi que devant la menace des extrêmes et notamment du Front national, affirmant que le moment des centristes est venu, des centristes qui n’ont été ces dernières années que des supplétifs peu respectés de la Droite.

    Partout, il martèle son projet humaniste et fédéraliste tout en jouant l’apaisement à l’intérieur de l’UDI.

    Et le message semble assez bien reçu même s’il demeure encore du scepticisme sur la capacité de Jean-Christophe Lagarde à atteindre les objectifs, très hauts placés, qu’il s’est fixé.

    Car, aujourd’hui, l’UDI est toujours, à la fois, en structuration et en convalescence.

    Ainsi, un départ d’Hervé Morin voire une opposition déterminée et sans concession de sa part vis-à-vis du nouveau président aurait des répercussions sur les marges de manœuvre de ce dernier.

    Mais, plus que tout, sa déclaration maintes fois répétées qu’il peut y avoir, dans deux ans, un candidat centriste à la présidentielle capable d’être présent au second tour, oblige Jean-Christophe Lagarde a prendre beaucoup de risques pour parvenir à ce but que beaucoup jugent plus qu’impossible.

    Le dynamisme et l’agressivité – dans le bon sens du terme – qu’il présente lors de ses sorties médiatiques en tant que président de l’UDI avec un discours clair et bien appris ainsi que par une posture apaisée de celui qui a gagné et qui peut être magnanime et rassembleur sont un bon départ et de bonne augure pour la suite.

    Reste que la tâche va être rude.

    Et si les difficultés deviennent insurmontables et les objectifs irréalisables, Jean-Christophe Lagarde pourrait alors perdre sa crédibilité naissante.

    D’autant qu’il est un faux calme et que certaines de ses sorties médiatiques, depuis son entrée en politique, dérapent parfois et soudainement dans une agressivité – dans le mauvais sens du terme – qui pourrait à terme anéantir tout ses efforts afin d’apparaître comme un leader responsable, maîtrisant son discours.

    Un exemple parmi d’autres?

    Lors de son passage au grand jury de RTL, on lui a posé une question à propos de ses dures attaques à l’encontre de Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Elysée qu’il a traité sans ménagement de menteur à propos de l’affaire qui l’oppose à François Fillon.

    Le problème est que – au-delà de savoir qui a menti de Jouyet ou Fillon – l’on se demande encore quel était son intérêt de s’attaquer avec hargne au secrétaire général de l’Elysée dans une affaire qui ne concerne, in fine, que l’UMP, peut-être le PS mais en aucun cas l’UDI.

    Un tel comportement déjà observé par le passé, s’il se répétait trop fréquemment, pourrait devenir pain béni pour ses adversaires politiques.

    Et sa réponse devant les journalistes de l’émission ont montré qu’il a vraiment mieux à faire que de la polémique pour la polémique qui n’ajoute rien à son image publique, bien au contraire.

    Dans les mois qui viennent, il faudra qu’il ne se disperse pas tant les rendez-vous risquent d’être chauds pour faire exister une UDI aux côtés du PS, de l’UMP et du FN mais aussi pour réunir tous les courants de son parti autour d’un projet politique tout en affirmant sans faille l’indépendance de celui-ci face aux pressions qui viendront sans cesse de l’UMP, sans oublier le problème d’une alliance ou non avec François Bayrou dans le cadre d’une hypothétique réunion du Centre.

    Pour pouvoir affronter tous ces défis, il fallait au moins ces débuts prometteurs.

    C’est fait.

    Reste à ne pas les gâcher, surtout, à transformer l’essai.

    Et que son volontarisme affiché soit autre chose qu’une posture rhétorique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Refondation du Centre. Où en est-on en cette fin 2014?

    On avait prédit que 2014 serait une année test pour cette fameuse refondation du Centre qui est loin d’être terminée encore aujourd’hui.

    Après la création en deux temps de l’UDI en 2012, celle de l’Alternative en 2013, 2014 était une année d’élections (municipales, européennes, sénatoriales) qui allait voir les partis centristes se confronter aux électeurs pour la première fois après leurs terribles résultats de l’année 2012 et leur permettre de jauger leur solidité et leur potentiel dans la perspective de 2017.

    On n’avait évidemment pas prévu que cette année 2014 serait aussi celle du passage de témoin entre Jean-Louis Borloo et son successeur, après que le président fondateur de l’UDI ait décidé de jeter l’éponge suite à un grave problème de santé mais aussi par une grande lassitude de ne pouvoir structurer la confédération de centre-droit en un parti unifié dédié à son projet politique et à ses ambitions personnelles.

    Quel bilan tirer à propos du Centre alors que viennent de se terminer les élections à la présidence de l’UDI qui ont vu la victoire de Jean-Christophe Lagarde sur Hervé Morin et que l’avenir de la formation n’est pas encore totalement assurée même si Morin a accepté le résultat tout en pointant des irrégularités et en se déclarant le vainqueur moral?

    - Refondation de l’espace centriste

    En ce qui concerne l’espace centriste, le constat est mitigé.

    L’UDI, qui a passé le cap des deux ans d’existence, a assez bien tenu le choc des élections externes et surtout internes mais demeure encore un parti en structuration avec des forces qui ne sont loin d’être soudées et des leaders qui sont plus en mode confrontation qu’en celui de collaboration.

    Tout le travail du nouveau président, Jean-Christophe Lagarde, sera d’insuffler une dynamique permettant, dans les mois qui viennent, de surmonter ce manque de cohésion autour de l’écriture d’un projet et d’une identité politiques afin de transcender les ambitions personnelles en une aventure collective.

    Néanmoins, la tâche s’annonce rude et le succès n’est pas assuré, loin de là.

    Le Mouvement démocrate, lui, a continué à devenir une petite formation totalement dédiée à son chef, François Bayrou.

    Il a pu se refaire une petite santé lors des municipales (avec l’élection de Bayrou à la mairie de Pau) et a limité les dégâts lors des européennes grâce à sa nouvelle alliance avec l’UDI et l’UMP, tournant ainsi le dos au fameux «ni, ni» de son président qui avait eu comme conséquence sa quasi-disparition de l’Assemblée nationale en 2012 (un siège de député).

    Si, à l’inverse de l’UDI, le leader du Mouvement démocrate est connu et se trouve parmi les personnalités les plus appréciées des Français, cela ne se traduit pas pour le parti par des succès électoraux et une place dans les grandes formations politiques.

    Ce serait d’ailleurs plutôt le contraire avec un paradoxe qui s’explique peut-être par l’extrême identification du MoDem à son seul chef, n’en faisant qu’un outil à ses ambitions et non un parti traditionnel aux yeux des électeurs.

    En outre, une partie de la gauche du MoDem a claqué la porte après le rapprochement de François Bayrou avec l’UMP et avec Alain Juppé et s’en est allée créer un nouveau parti, le Front démocrate, qui peine à exister.

    Quant à l’Alternative, cette «organisation coopérative» entre l’UDI et le MoDem, créée par François Bayrou et Jean-Louis Borloo, elle n’a été, jusqu’à présent – et définitivement? – qu’un cartel électoral qui, s’il a été très peu utilisé lors des municipales, a été l’étiquette sous laquelle se sont présentées les deux formations centristes aux européennes au grand profit du Mouvement démocrate et au grand dam de l’UDI.

    Mais aucune avancée n’a été faite sur un quelconque projet commun (ni même sur un projet de chacun d’entre eux), les partis centristes se contentant de montrer une opposition peu constructive face à François Hollande et au gouvernement de Manuel Valls, pariant sur la victoire assez évidente de la Droite en 2017 et, donc, dans le cadre d’une alliance «naturelle» avec celle-ci, à leur retour au pouvoir.

    - Puissance politique et électorale du Centre

    En matière politique et électorale, le Centre a enregistré des avancées timides.

    Le Centre demeure une force politique de second plan et ne parvient pas à se hisser au niveau du PS et de l’UMP, ce que le FN est parvenu à faire de son côté.

    Si l’UDI et le Mouvement démocrate clament qu’en nombre d’élus les partis centristes sont la troisième force du pays, les sondages en font la quatrième force derrière l’UMP, le PS et le FN, et plus proche des scores des écologistes et du Front de gauche que des trois premiers.

    Les élections municipales et sénatoriales, si elles ont vu effectivement des gains, ceux-ci n’ont pas été conséquents et, dans la plupart des cas, obtenus au sein d’une coalition avec l’UMP et non pas sur le simple nom de l’UDI ou du MoDem.

    Surtout, les élections européennes, les seules où le Centre est allé au combat uniquement sous sa propre bannière, ont été un échec cuisant avec moins de 10% (9,93%) des voix alors que, dans le même temps, le Front national devenait le premier parti de France avec près de 25% (24,85%) des voix sur un programme totalement anti-européen.

    Pourtant, l’espace centriste demeure malgré tout un lieu convoité par la Gauche et la Droite en prévision des élections présidentielles et législatives de 2017 qui ne se gagneront pas sans les électeurs centristes pour l’un ou l’autre camp.

    Ainsi, tant à gauche avec Manuel Valls qu’à droite avec Alain Juppé, les centristes sont très courtisés et un axe central est en train d’émerger sans que l’on sache, pour l’instant, s’il sera une solide alternative à la Gauche et à la Droite ainsi qu’à l’extrême-droite dans les années qui viennent.

    La bonne nouvelle pour la refondation du Centre est donc que les partis centristes n’ont pas disparu et ont été capables de gains lors des élections municipales et sénatoriales.

    Mais on est loin encore d’une robustesse qui permet de regarder l’avenir avec sérénité.

    C’est même plutôt le contraire avec un risque non-négligeable d’implosion de l’espace centriste qui ne signifierait pas la mort du Centre mais son incapacité à être une force politique crédible pour les Français.

    Pour autant, les potentialités existent.

    Reste aux centristes de ne pas les gâcher.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centre et le courage

    L’UDI, le parti du courage? C’est en tout cas la mission que s’est donné Jean-Christophe Lagarde, son nouveau président.

    Et il est vrai que le courage est une des principales vertus en politique, qu’elle est essentielle de la part des représentants élus dans une démocratie représentative.

    C’est pour qu’ils aient le courage de dire ce qui est, le courage de dire ce qu’il faut faire et le courage d’agir que l’on vote pour eux.

    Sans oublier que le courage est également de mettre en œuvre la bonne mesure quelle que soit sa provenance, quel que soit son porte-voix.

    De ces points de vue, il est une qualité éminemment centriste.

    Centriste parce que le Centrisme est un réformisme qui s’appuie sur la responsabilité.

    De ce fait, il estime que le courage politique est un ingrédient indispensable pour que les réformes nécessaires puissent être mises en œuvre et donnent des résultats mais aussi pour que les citoyens puissent savoir où on les emmène et dans quel état se trouve le pays.

    Beaucoup trop d’hommes et de femmes politiques ont peur de ce courage qu’ils assimilent à une sorte de suicide politique.

    Du coup, ils préfèrent se taire ou promettre des lendemains qui chantent, sachant qu’ils refilent la patate chaude à leurs successeurs, aux prochaines générations!

    Et puis, c’est plus facile d’être (ré)élu sans aborder les questions qui peuvent fâcher...

    Alors que si l’on dit ce qui est et ce qu’il faut faire sans tenter de caresser les électeurs dans le sens du poil, il est évident que l’on prend un risque.

    Mais celui-ci, inhérent à la vie, fait partie de la responsabilité d’un élu du peuple ou de celui qui sollicite le devoir d’en devenir un.

    C’est aussi son honneur.

    D’autant plus que la facture de la lâcheté politique est bien supérieure à terme pour le monde politique et, bien sûr et surtout, pour la société toute entière.

    Ne pas dire, ne pas décider et ne pas faire représentent un coût énorme qui se rattrape difficilement.

    Et l’empilement de tous les renoncements rend la réforme de plus en plus difficile mais aussi de plus en plus indigeste car, au bout du compte, on demandera au citoyen bien plus de sacrifices qu’on aurait dû lui demander si la bonne décision avait été prise au bon moment, si le courage de la prendre avait été au rendez-vous.

    Pour autant, le courage du politique n’est rien sans le courage des citoyens.

    Car, en démocratie républicaine, il n’est de grande politique sans grand peuple.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Centristes, au boulot maintenant!

    Il fallait les voir, les entendre et les lires les éditorialistes dans une sorte de compétition dérisoire à qui serait le plus méchant (et parfois bête) à propos l’UDI juste avant les résultats de l’élection à la présidence du parti.

    Deux exemples.

    Sur France Inter, un certain Thomas Legrand expliquait qu’ «aujourd’hui, les minuscules notables prétentieux du centre-droit n’inventent pas la politique de demain mais caricaturent celle d’aujourd’hui. Les centristes de l’UDI ne peuvent pas mieux prouver leur désormais inutilité; C’est si vrai que les socialistes (en l’assumant de plus en plus d’ailleurs) font une politique centriste… sans les centristes... D’où l’indifférence générale pour ce scrutin. Une indifférence salutaire qui me ferait presque regretter d’avoir traité ce sujet ce matin…».

    Sur RMC, un certain Hervé Gategno n’était pas en reste: «l'UDI est un tout petit parti dont les dirigeants rivalisent de petitesse; un parti qui ne se trouve pas encore assez petit pour ne pas se diviser en chapelles; et un parti qui a été incapable d'organiser une élection claire et incontestable avec moins de 30.000 adhérents. Résultat: les centristes se comptent, mais ils ne compteront pas».

    Et comme si cela ne suffisait pas, d’ajouter «les images de la comète Tchouri (s'il y en a) nous seraient plus utiles pour comprendre les enjeux de la politique française que l'élection à l'UDI – on a un espoir de trouver des traces de vie, alors que ce centrisme-là est un astre mort».

    Certes, les éditorialistes donnent leurs opinions et ont le droit de préférer un tel à un autre mais comme ils sont avant tout des journalistes, il serait salutaire qu’ils aient, parfois, un peu plus de déontologie avant de vouloir placer un bon (méchant) mot ou une bonne (méchante) formule, ce qui est toujours plus facile qu’une analyse sur le fond.

    Néanmoins, si ce flot de hargne et de condescendance est exagéré, il faut bien reconnaître que la situation de l’UDI et du Centre en général a de quoi susciter quelques sarcasmes et beaucoup d’interrogations que nombre de journalistes ont repris en des termes plus sérieux.

    Du coup, il y a un boulot énorme dans l’espace centriste d’ici à 2017 et à l’éventualité d’une candidature autonome du Centre à la présidentielle.

    La première bonne nouvelle a été qu’Hervé Morin, suite à l’élection de Jean-Christophe Lagarde à la présidence de l’UDI, ne claque pas la porte et affirme vouloir demeurer dans le parti.

    Si c’est le cas, alors les centristes de l’UDI, dans l’unité, mais aussi ceux du Mouvement démocrate, bien absents ces derniers temps – à part évidemment leur chef omnipotent –, ont du boulot sur la planche.

    Car l’élection à la présidence de l’UDI passée, il n’y a plus aucune raison pour que les partis centristes ne se mettent pas au travail – chacun de leur côté mais aussi en commun – sur leur projet pour la France et leur programme électoral ainsi que sur la clarification de certains positionnements et leur ambition politique pour convaincre les Français de leur accorder leur confiance.

    De même, ils doivent réfléchir à la manière de peser beaucoup plus qu’ils ne le font actuellement sur le débat politique et comment faire pour reconstituer une force centriste digne de ce nom.

    Ces différentes tâches vont être ardues et compliquées mais elles sont indispensables si le Centre souhaite avoir un avenir et que celui-ci ne soit pas simplement de faire de la figuration pendant que les autres courants politiques mèneront la danse.

    Et c’est cette crédibilité auprès du pays qui permettra à un candidat centriste, qu’il s’appelle Lagarde, Bayrou ou d’un autre nom, d’avoir une chance de remporter la mise en 2017, tout au moins de faire par son résultat électoral et ses propositions pour le pays, un Centre qui compte dans le paysage politique par ses idées, ses valeurs et le sérieux de ses leaders.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’UDI a-t-elle un avenir?

    Alors que l’on ne connaîtra les résultats de l’élection à la présidence du parti centriste qu’à la fin de la semaine et que la grande majorité des militants a déjà voté, il semble quelque peu hasardeux et précoce de se demander si l’UDI peut avoir un avenir.

    Mais cette question est aussi une sorte d’état des lieux nécessaire avant la proclamation du vainqueur afin de mieux appréhender ce qui va suivre et, peut-être, donner quelques matières à réflexion aux dirigeants de cette confédération qui ne regroupe pas seulement diverses formations mais également des leaders aux personnalités peu solubles dans une direction unifiée.

    Même si tous ces derniers, de Jean-Christophe Lagarde en passant par Yves Jégo, Laurent Hénart, jusqu’à Hervé Morin ou Jean-Christophe Fromantin ne disent rien de l’après-élection qui soit matière à penser qu’ils vont faire imploser le parti, il n’en reste pas moins vrai que les petites phrases, les dénonciations à la presse de tel ou tel comportement, les affirmations que le scrutin ne sera sans doute pas honnête, montrent que l’avenir de l’UDI est bien en jeu.

    C’est d’ailleurs pourquoi se poser la question de la pérennité de l’UDI dans le temps est légitime dès à présent.

    Pour autant, on ne peut pas affirmer aujourd’hui que sa désagrégation sera inévitable quoiqu’il arrive.

    Non pas que l’on estime que Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin puissent travailler ensemble, cela est exclu à pratiquement 100%.

    En revanche, que le vaincu pourrait s’effacer, au moins temporairement, au profit du vainqueur, est un cas de figure plus réaliste puisque Jean-Christophe Lagarde l’a lui-même évoqué s’il ne devenait pas le nouveau président de l’UDI.

    Cela ne signifierait pas que ce vaincu n’ait plus de destin politique mais qu’il estimerait que la reconstruction du Centre est importante, notamment, pour lui et son propre avenir.

    Imaginons que le perdant de l’élection décide de détruire l’UDI, il détruirait en même temps le socle de ce qui pourrait être son assise politique dans les années à venir.

    De même, il prendrait le risque de s’aliéner pendant longtemps, voire pour toujours, tous ceux qui seraient impactés par sa décision dont ses amis, même ceux qui décideraient de le suivre dans un premier temps.

    Du coup, il ne s’agit même pas, pour lui, d’être grand seigneur ou de servir l’intérêt général du Centre et des centristes mais d’abord et trivialement de privilégier son propre intérêt.

    Cette option est rationnelle… tout ce que ne sont pas les relations personnelles faites d’affects qui détruisent toute construction logique de ce type surtout lorsqu’il y a du pouvoir dans la balance.

    D’autant que les deux candidats à la présidence ont l’impression de jouer une grande partie de leur avenir politique sur cette élection.

    Hervé Morin pense que le verrouillage de l’UDI sera total en cas de victoire de Jean-Christophe Lagarde. Ce dernier estime qu’il sera complètement marginalisé en cas de victoire d’Hervé Morin.

    Que cela soit vrai ou faux, que cela survienne ou non, est secondaire pour les deux hommes puisqu’ils sont persuadés d’une sorte de complot ourdi par l’un vis-à-vis de l’autre.

    C’est donc une réponse collective forte qui sauvera le soldat UDI, basée sur l’intérêt de chaque dirigeant et de chaque militant et non sur un attachement au parti.

    Personne à l’UDI n’a en effet un intérêt à ce qu’elle disparaisse demain.

    Ni les deux candidats, ni leurs amis respectifs, ni leurs soutiens, ni les députés, ni les sénateurs, ni les militants.

    Dès lors, si, en dehors du vaincu – ou avec lui –, tous font blocs pour éviter l’implosion, l’UDI aura un avenir, certes incertain pendant quelques temps, mais un avenir tout de même.

    Et la reconstruction et la refondation de l’espace centriste pourront continuer au profit de tous.

    A chacun des membres de l’UDI maintenant de prendre ses responsabilités pour que la réponse à la question soit: oui.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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